JUST A MOMENT WITH YOU.
PV → Farce de l'Épine.

C'est doucement que tu retrouves tes esprits après une nuit sans rêve. Enfin ! Depuis le temps que tu rêvais de pouvoir enfin dormir sans être perturbé par ton satané passé. Tu avais passé une nuit comme tu aimerais en passer encore beaucoup, mais tu sais ce genre de moment limité. Un moment de répits avant d'avoir le droit à une nouvelle vague qui déferlera avec une force abracadabrante et inestimable. Sortant de l'état de transe dans lequel tu étais, tu pointas le bout de ton museau, le retirant de sous tes pattes antérieures. Légèrement ankylosé, tu te redresses sans plus de difficultés que cela. Finalement, cette nuit aura été tout de même réparatrice.

Sans prendre la peine d'ouvrir les yeux, tu laisses ton museau faire ce qu'il sait faire le mieux. Les fumets qui te parviennent de la tanière et des extérieurs te renseignent sur le moment de la journée. À en croire les odeurs encore présentes, l'aube n'a même pas encore pointé le bout de son museau. Le soleil doit encore être dissimulé par delà l'horizon. Les parfums nocturnes sans encore bien trop présents pour qu'il soit là. Un sourire stupide s'affiche sur ton visage alors que tu te rends compte que pour une fois, tu n'es pas le dernier levé. Loin de là !

Tu restes un moment debout à tenter d'identifier le pourquoi du comment des choses, à prendre quelques renseignements de plus sur ton environnement. Une sensation désagréable gagne tes pattes qui ne supportent pas l'immobilité de cette position. Tu te décides à te rasseoir et tu continues ton exploration olfactive et auditive. Les bruits de la nuit sont si agréables. De la tanière ne te parviennent que les ronflements des chats les plus fatigués et la respiration lente de chacun qui trahissent leur état de sommeil. Pour une fois, tu es certains de mieux comprendre l'environnement que les voyants et même de le voir mieux qu'eux. Tu prends le temps de faire tes pronostics.

« Farce de l'Épine ? »

Aussi silencieusement qu'agilement, tu t'étais rapproché de la litière de ton compagnon. Tu étais à présent penché au-dessus de sa couchette et au-dessus de son corps que tu devinais roulait en boule. Tu laisses ton sourire se maquiller d'un sourire de joie. Tu es tellement heureux de l'avoir. Tu ne serais pas ce que tu es s'il n'était pas là. Tu lui dois tout. Tu lui dois ce que tu es aujourd'hui et s'il venait à disparaître, alors, tu n'aurais plus de raisons de vivre. Ta patte finit par se poser gauchement sur son épaule et doucement, tu te mets à le secouer. Est-ce que tu vas réussir à le réveiller pour passer un moment avec lui ? Est-ce que tu ne vas pas le gêner ? Tu serres les crocs et un malaise te gagnes alors que tu te rends compte de cette nouvelle possibilité. Incapable de plus, alors que tu sens ses yeux s'ouvrir sur toi, tu bredouilles.

« Désolé… »

Sans t'en rendre vraiment compte, tu commences à te tortiller légèrement. Tu te dandines d'une patte sur l'autre. Comment vas-t-il réagir alors que tu le réveilles alors que le jour n'est même pas levé ? Que va-t-il se passer après ça ? Pourquoi est-ce que tu l'as réveillé d'abord ? Parce que tu avais besoin de sentir sa présence. Tu avais besoin de le sentir près de toi. Ouais, mais pour ça, tu aurais pu simplement te rapprocher de lui et le laisser dormir tranquillement. Au lieu de ça, tu avais voulu plus. Tu avais voulu entendre son timbre de voix. Le sentir éveillé à tes côtés. Quel besoin était-ce là ? Est-ce que le manque de rêves t'avaient conduit à agir ainsi ? Est-ce que parce que le destin t'avait laissé un morceau de nuit que tu avais eu besoin de toi-même t'auto-mutiler en dérangeant la personne qui t'avait sorti du gouffre ? Tu regrettas immédiatement ton geste, mais il était trop tard, tu le savais. Tu aurais du le laisser dormir. Ami ingrat que tu étais. Même sans le vouloir réellement, tu venais à nuire à ton entourage. La respiration lente qui l'avait animé quelques instants plus tôt l'avait bel et bien quitté. À présent, ses poumons reprenaient le dessus et lui le contrôle de ce mécanisme vital. Il était bel et bien réveillé. Eh bah ! Bien joué Larme du Vent !

« Désolé de quoi mon lapin ? »

Alors que sa voix rampe vers tes oreilles, tu peux entendre qu'il commence à s'agiter. Si tu dois juger de part ton expérience, tu mettrais ta patte à couper qu'il s'est redressé et qu'il a entamé des étirements. Quoi de plus normal après une nuit de sommeil. Une nuit… Pourquoi avait-il fallut que tu le réveilles ? Alors que des pensées accusatrices vinrent s'ajouter à celles précédemment énoncées, tu te rends compte que rien dans sa voix n'indiquait une quelconque colère. Il n'y avait rien de tel. Ou alors, tu avais été incapable de dénicher ces sentiments. Pourtant, tu connaissais Farce de l'Épine depuis longtemps maintenant et certainement suffisamment longtemps pour affirmer qu'il ne semblait pas en colère. Le voir en rogne, ce n'était pas beau et là, cela n'y ressemblait en rien.

Aussitôt, la confiance revient peu à peu. Alors que tu t'apprêtes à ouvrir la gueule pour lui expliquer, tu te rends compte que vous êtes entourés de Guerriers endormis. Des Guerriers qui ont eu une rude journée la veille, qui en auront une aussi aujourd'hui et des Guerriers qui seraient certainement bien moins amicaux que Farce de l'Épine si tu venais à les réveiller en parlant. Ignorant si Farce de l'Épine partageait tes pensées, tu le sentais stopper ces étirements et reprendre une position féline plus correcte. Tu souris bêtement et sans ajouter quelque chose, tu fais demi-tour. Sans dire le moindre mot, les remplaçant par de la gestuelle, tu quittes la tanière en espérant qu'il comprendrait. Il était loin d'être idiot, alors il parviendrait certainement à le faire.

Alors que tu quittes la tanière, une brise froide t'accueille. Tu laisses ton pelage prendre un peu de volume pour qu'il te protège de ce froid mordant. Derrière-toi, tu sens la présence de ton ami. Pourtant, tu t'arrêtes à peine le seuil de l'antre passé. Un moment, tu ignores que tu n'es réduit qu'à te mouvoir avec ton corps. Un moment, tu laisses tes sens se prolonger dans tout le Camp, à la recherche de renseignements. Lorsque tu sembles renseigné, tu regagnes ton corps et comme si de rien n'était, tu reprends ta marche lente. Tu continues sur une longueur de queue de renard, puis tu t'arrêtes, ralentissant d'abord ton allure pour finir à l'arrêt. Tu t'assois et tu plonges ton regard vide au loin.

« Je… Hum… Je m'excuse de t'avoir réveillé si tôt… Mais c'est que... »